Chers parents,
Nous vous proposons à la lecture la motion du conseil d'administration du lundi 30 janvier sur la Dotation Horaire Globale (DHG) pour l'année scolaire 2023-2024 signée par les représentants élus des professeurs et des parents.
Les représentants élus des professeurs et des parents d'élèves du collège Théophile Gautier réunis ce lundi 30 janvier 2023 en conseil d'administration tiennent à exprimer leur désaccord avec le volume de la Dotation Horaire Globale (DHG) qui lui a été attribué.
L'école est un service public. Mais à quel prix ? La dotation allouée par l'institution pour l'année scolaire 2023-2024 apporte une réponse désormais tristement récurrente : au prix d'économies de moyens.
Cette année, six professeurs de l'équipe pédagogique devront exercer sur deux établissements pour effectuer leur service d'enseignement. Quel sens y a-t-il à faire sortir un collègue à qui l'institution n'attribue que 12h poste, quand l'équipe pédagogique de la discipline se partage 6h supplémentaires annuelles ? Quel sens ? Celui de l'économie : une heure supplémentaire annualisée coûte moins cher au Ministère qu'une heure poste. La qualité de l'enseignement compte bien peu quand il s'agit de faire des économies. Professeur ? Présent. Qualité du suivi pédagogique ? Moindre. Moyens investis par l'État à la hauteur des enjeux ? Absents. Service ? Public !
Depuis bientôt trois ans, dans le sillage de la crise sanitaire, le travail des élèves perd en qualité : leur rythme de travail est de plus en plus chaotique et leur investissement fond comme neige au soleil. Le niveau attendu par l'institution nous paraît, de plus en plus éloigné de celui de nos élèves. Alors que le Ministère et le Rectorat ont pour mission publique d'assurer l'instruction et l'éducation de ses futurs citoyens, ces derniers se retrouvent pris dans un tourbillon de professeurs à moitié là. Quel est le sens de supprimer des heures ? Qu'est-ce qu'un professeur à temps partagé ? Quelqu'un dont l'effectif des classes augmente, qui ne peut pas travailler en équipe convenablement parce qu'il partage son service, qui risque d'autant plus l'accident de travail qu'il doit se déplacer. Le corollaire de cela ? L'absence d'un collègue, l'absence d'un professeur qui, au vu de la crise de recrutement actuelle, ne sera pas remplacé. Ainsi, l'État décide d'économiser de l'argent sur le dos des professeurs et des élèves, de nos enfants, et met tous les étages de l'institution en difficulté.
Sans aucun fondement factuel, le Rectorat supprime 8,5h de sa dotation, alors que nous ne perdons aucune classe et que nous sommes en éducation prioritaire. Sans aucun fondement légal, le Ministère annonce supprimer le cours de technologie en classe de 6e. Quel sens y a-t-il d'exiger des conseils d'administration le vote d'une répartition dont l'enveloppe imposée aux personnels de direction est illégale ? Nous sommes professeurs, fonctionnaires, et ne pouvons risquer de cautionner un vice de procédure de la sorte. Nos emplois du temps sont suffisamment chargés pour ne pas en plus nous retrouver au tribunal administratif. Songez aussi à la sacro-sainte et diffamante absence des professeurs ... S'il nous fallait assumer à ce point les errances administratives de l'institution, nous n'aurions plus l'occasion de faire cours.
Sans aucun fondement pédagogique, le Ministère revendique aussi l'instauration d'une aide « personnalisée » (... en classe entière) à destination des 6e. Prenons un exemple que nous connaissons bien au collège Théophile Gautier : le dispositif lecture. Cette année, 5 groupes de 6e étaient constitués, accompagnés par une quinzaine de professeurs qui les aidaient 2h par semaine sur la maîtrise de la fluence. Le module a fait ses preuves, non seulement sur le temps court, mais aussi sur le temps long : les 3e de cette année qui ont bénéficié de ces heures de soutien vraiment personnalisé lisent de manière fluide, comme s'ils n'avaient pas rencontré de difficultés. La proposition du Ministère déconstruit totalement ce dispositif et écarte des collègues investis depuis plusieurs années pour que des groupes d'élèves plus nombreux soient moins suivis.
Quel message cette dotation envoie-t-elle aux parents ? Celui du service minimum. Il y a du monde devant vos enfants, peu importe qui, peu importe comment, peu importe les circonstances dans lesquelles ils évolueront. C'est le service public, mettez-y vos enfants et ne posez pas trop de questions.
Quel message cette dotation envoie-t-elle aux professeurs ? Battez-vous avec les quelques heures que la situation sociale de l'établissement vous accorde en plus de ce qui est réglementaire. Vous réglerez entre vous la répartition des Aides Personnalisées (A.P.), la quantité des options, vous piocherez chez l'un et chez l'autre pour créer un groupe. Vous gérerez la pénurie des moyens et garantirez la continuité du service public. Vous vous débrouillerez pour offrir à vos élèves un enseignement cohérent, même si vous êtes sur deux établissements et peinez à vous concerter avec vos collègues.
Cette année encore, nous réclamons que le Ministère de l'Éducation nationale et le Rectorat de l'Académie de Normandie prennent la mesure des enjeux d'un terrain qu'ils refusent d'entendre. Les heures supplémentaires annuelles doivent être requalifiées en heures poste pour garantir un enseignement de qualité à nos élèves et enfants. Comment ? De manière très simple : dédoubler les classes très chargées et proposer aux élèves de travailler dans un cadre plus stable grâce à des groupes restreints, ce que notre ancien Ministre lui-même qualifia jadis de : « favorable, pédagogiquement ».
Cette année encore, nous nous opposerons à la DHG dans ce simulacre de démocratie que les institutions imposent au Conseil d'Administration.
Pour que l'école soit réellement ouverte, vraiment inclusive et favorablement pédagogique, il faut, en somme, des moyens pour investir dans l'avenir de nos enfants et nos élèves : des heures, des classes, des postes de professeurs.
La dotation horaire globale 2023-2024 ne le permet pas.
Les représentants des parents d'élèves
Les représentants des enseignants